by Stefanie
Smrokowski
editors:
Alessia Zulato (PhD candidate in French)
Zsuzsanna Fagyal (Associate Professor of French)
L’image que
beaucoup d’entre nous ont de la culture française est très positive. Quant à
moi, j’adore toutes les choses françaises ! La mode est exceptionnelle, la
cuisine est unique, et les arts occupent une place éternelle dans l’histoire de
ce pays. Je m’incline devant l’influence de la France dans l’histoire des idées
et des goûts, ainsi que l’élaboration sophistiquée de sa langue
officielle : la langue française. Mais je ne peux pas fermer les yeux sur une
chose : l’idéologie de la langue française qui a fait de cette langue
une petite brute de classe mondiale. Permettez-moi de l’expliquer !
Personne ne
comprend cette vérité mieux que ceux qui parlent encore breton, une langue régionale en France qui cherche à
survivre à l’ombre de la langue française depuis des siècles. Le breton est
parlé en Bretagne, une belle
région dans le nord-ouest de la France. La population de cette région se
démarque de beaucoup d’autres régions par sa langue régionale unique, une langue celtique, qui est désormais en danger.
Selon Ethnologue – Langues du Monde, il n’y a plus que 500,000 personnes en
France qui parlent breton et environ 1, 200,000 qui le comprennent encore mais
qui ne le parlent plus. Le graph ci-dessous révèle, néanmoins, une triste tendance ! Le
nombre de brittophones est en chute libre depuis le XIXe siècle!
Cependant, ce qui est frappant, c’est que la langue n’a pas encore disparu du
paysage linguistique de la France. Comment est-ce possible ? Comment le
breton peut-il encore exister aujourd’hui malgré l’hégémonie d’une grande
langue puissante comme la langue française qui est promue dans tous
les domaines d’usage linguistique?
http://www.ofis-bzh.org/fr/langue_bretonne/historique/index.php |
C’est un miracle,
en effet, car le gouvernement français ne cherche pas à promouvoir l’usage du
breton au-delà des concessions bien connues sur le financement partiel des écoles Diwan, une fédération d'écoles associatives et privées, qui enseigne le breton par
immersion. La grande majorité
des pays européens reconnaissent la présence des langues régionales et des pays
comme l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne ont ratifié la Charte européenne des langues régionales
ou minoritaires qui permet
d’obliger les pays européens à assurer la survie des leurs langues régionales
locales. Beaucoup de pays sont sensibles à la contribution culturelle et
linguistique que représentent les langues régionales locales, surtout quand les
citoyens du pays parlent encore ces langues. La France se trouve complètement à
l’opposé. La position officielle de la France a toujours été de reconnaître
seulement la langue française qui est devenue la seule langue officielle du
pays en 1992, l’année d’ouverture la Charte
à la signature des pays membres du Conseil de l’Europe ! Quel
paradoxe !
Alors, la France
signe la Charte en 1999, mais elle ne la ratifie pas. Rien ne se passe pendant
un bon moment quand la dernière révision constitutionnelle en 2008 apporte
enfin une surprise et un petit espoir : la Constitution est amandée par un
nouvel article (l’article 75-1) qui précise: « Les
langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». L’histoire de
ce projet de loi et les négociations qui ont mené à son adoption sont très
intéressantes et bien relayées par le blog des actualités
constitutionnelles : Les
langues régionales entrent dans la Constitution.
Mais ce n’est pas
assez. Autoriser l’usage de la langue et reconnaître sa valeur est bien, mais cette
action ne suffit pas pour empêcher le déclin. Je pense que la France doit
encourager l’enseignement, le respect, et la croissance de ses langues régionales
qui font partie de sa culture et son histoire. Alors, comment promouvoir une
langue régionale comme le breton? D’abord, on décide que c’est une
priorité. Ensuite, on améliore l’accès à l’éducation bilingue franco-breton.
Maintenant le breton est enseigné dans quelques écoles primaires ou
secondaires, mais moins de 2% des étudiants reçoivent une éducation bilingue. Afin
d’améliorer le statut du breton (status
planning) dans les domaines publics, on pourrait utiliser la langue encore plus
dans les médias. L’accès aux dictionnaires , une mesure appelée planification de corpus, peut aider à répandre la
connaissance de la langue…
Le français a
toujours été une langue influente dans le monde entier. C’est une langue de
travail de l’Union Européenne, la langue officielle des Jeux Olympiques, et
d’autres institutions mondiales. Les pays francophones ne sont pas seulement en
Europe mais aussi sur cinq autres continents. Le français est sans doute une
langue importante, et la France a raison de chercher à la promouvoir. Mais les
langues régionales comme le breton ne méritent pas d’être oubliées dans ce
processus. Je propose que la France apprécie plus l’influence culturelle et
historique de la langue bretonne et qu’elle agisse conformément à sa nouvelle
Constitution en assurant la survie de ce patrimoine unique.
Stefanie Smorokowski is a senior in the College of Applied Health Sciences, preparing a BS in Kinesiology. Her interests in regional minority languages in France have inspired this blog entry for the European Union Center’s Language and Minorities in Europe (418) cross-listed survey course. In this text, she shares with us her thoughts on French culture and the protection of one of France’s regional minority languages: Breton.
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